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Requiem pour Matoub Lounès, Le 30 juin 2012 à Montreal

Il y a 14 ans que Matoub Lounès, l’un des artistes les plus courageux du 20e siècle, a été lâchement assassiné en Algérie.
Pour célébrer sa mémoire, ses idéaux et sa poésie, et dans le but d’inscrire son œuvre dans l’universalité, au-delà de tout folklore, la troupe la Traversée invite une pléiade d’artistes de divers horizons au Théâtre Rouge du Conservatoire de musique et d’art dramatique de Montréal.
Au menu :
— projection d’un film inédit sur la vie et l’œuvre de Matoub Lounès, réalisé par Hacemess (texte de Karim Akouche dit par la comédienne Crystal Racine) ;

— Chorégraphie, Transe pour Matoub Lounès, avec la danseuse et comédienne Adrienne Medjo, le musicien Iv, la chanteuse Zahia, la peintre Thanina Slimani et l’auteur Karim Akouche ;

— texte de Matoub Lounès joué par Crystal Racine ;

— poèmes de Nelly Roffé, Arab Sekhi, Gary Klang et Josaphat-Robert Large à la mémoire du chanteur ;

— musique avec Zahir Ouali, Smaïl Hami, Zahia, Mourad Itim, Rezki Grim, Nacer Hamlat, Salah Ait-Gherbi et Mourad.

Toutes et tous pour que Lounès renaisse en Amérique du Nord !
Le poète assassiné ne meurt pas, ses vers gagnent en puissance. (Pablo Neruda)

Information : 438 764-9315 / 438 321-0405

Billets :
Admission générale : 20 $
Moins de 12 ans : 10 $
Accès : plus de 8 ans

Conservatoire – Théâtre Rouge
4750, avenue Henri-Julien (métro Mont-Royal)
H2T 2C8 Montréal

HINDI ZAHRA, LES ÉVASIONS BERBÈRES

Originaire du Maroc, la chanteuse autodidacte sort un premier CD entêtant sur le thème de la douleur.

Hindi Zahra est une femme à tout faire. Elle a écrit, composé, chanté, mixé et produit son premier album. En neuf mois,«comme pour un bébé». De fait, Handmade lui ressemble : chaleureux et mélodique. Plongée d’emblée dans une atmosphère artistique – sa mère est chanteuse et comédienne -, Hindi Zahra est une autodidacte ; enfant, elle découvre «qu’improviser, c’est composer».

Ado, elle prend des cours de chant lyrique «très stricts», mais stoppe vite, bien décidée à «inventer quelque chose qui [lui] ressemble». Tout commence sur la scène de bars parisiens – après une enfance marocaine, elle a rejoint la capitale. Elle parle d’un rapport «épidermique» avec le public. Ensuite, c’est son tourneur qui lui fait remarquer : «Si tu veux faire plus de concerts, enregistre un album.»

Cocon. La trentenaire loue alors un studio pour «manger, dormir, recevoir des amis, apprendre comment fonctionnent les logiciels», et accessoirement prendre le temps de s’en faire un cocon, un peu isolé du monde. De cette chrysalide émergent 12 titres douillets – «moi à 200%». Qui ont pris leur temps, notamment celui de se roder sur scène, pendant une bonne partie de l’année dernière.

Chantés en anglais ou en berbère, ses «deux langues de prédilection», les morceaux, qui commencent par bercer, s’appuient sur«la mélodie pour amener à l’émotion». Comme pour le titre Imik Si Mik, dont le «imik si mik/ afousse hou fousse» se fredonne telle une comptine. Idem le planant et sensuel Kiss & Thrills, dont l’entêtant «in your heart/ in the dark» rythme la chanson.

Tristesse. Les textes laissent affleurer une douleur. Hindi Zahra reconnaît volontiers les insomnies qui ont émaillé l’enregistrement. Ainsi le titre Oursoul – ici «le passé révolu» en berbère, mais aussi «notre âme» en anglais –, sur un mariage forcé et la tristesse… de la fille comme du garçon.

Hindi Zahra en convient, elle parle surtout d’amour, pas seulement entre hommes et femmes d’ailleurs, avec pour postulat de «rendre la douleur paisible». A propos des quarante minutes de douceur mâtinées de lumière que constitue ce Handmade, elle précise encore avoir «voulu que ce soit une grande fête, en ouvrant une autre perspective sur la part sombre que suggère la tristesse».

«Nuages». A l’image du clip de Beautiful Tango, réalisé par le cinéaste Tony Gatlif, chez qui elle apprécie «l’élégance de montrer la beauté là où on n’est pas censé en trouver». Les images ont été tournées au Maroc, en partie dans des tanneries, entre couleurs et puanteur. Les chansons sont construites avec la voix au centre, puis les guitares, les percus et le reste ensuite, «dans les nuages». Filant la métaphore culinaire, Hindi Zahra se voit «comme un couscous, un mille-feuille ou une paella ; tout ensemble et pourtant ça fonctionne».

Par ANNE-LAURE POISSON

Liberation.fr