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Tamazight di lakul à Ottawa

Il fut un temps où, enfants, nous appelions nos camarades émigrés qui venaient en vacances “aroumi”. Ce qui signifie tout simplement “Le Français”. Cette appellation, ils ne la devaient pas au fait qu’ils résidaient en France, mais plutôt à cause de leur méconnaissance du kabyle. Ils ne s’exprimaient que dans la langue de Molière. Ce qui était diversement apprécié par les gens du village qui rejetaient tout de même la faute aux parents qui ne les avaient pas initiés à leur langue maternelle. Actuellement, les nouveaux émigrés, en France, au Canada ou ailleurs, conscients de l’enjeu identitaire que représente notre langue, ne veulent pas laisser leurs enfants en marge du développement de tamazight, bien que ce ne soit pas si simple.

Loin de chez eux, dans des pays où la population ignore jusqu’à l’existence de notre langue, nos compatriotes ont le mérite d’apprendre à leurs enfants à s’exprimer en kabyle comme leurs grands-parents. Ainsi, grâce à la volonté de certains parents, le projet d’enseignement de thamazight aux enfants kabyles du Canada est devenu une réalité, depuis plusieurs années. L’un des pionniers de l’enseignement de thamazight, en dehors de nos frontières, est Moumouh Ould Chikh, que nous avons rencontrés il y a quelques jours alors qu’il était en vacances à Aïn El Hammam, sa région natale. Moumouh Ould Chikh, à l’origine de cette initiative, a bien voulu nous en dire plus : “Tout a commencé lorsque je déménageais du sud du Canada pour m’installer à Ottawa. Chaque samedi, je conduisais ma fille à l’école où elle suivait des cours d’espagnol. Je constatai alors, que dans cet établissement, on enseignait beaucoup d’autres langues (japonais, allemand, chinois, etc…). C’est ainsi que me vint l’idée de m’informer d’abord, puis de proposer l’enseignement de Tamazight, aux responsables de l’école. Je pris alors contact avec la direction en vue d’entamer mes démarches. Le directeur des langues internationales qui ignorait jusqu’à l’existence de notre langue me demanda de fournir un dossier pour soutenir ma demande. Il fallait donner des renseignements, tels que le nombre de personnes qui communiquent en berbère et leur répartition à travers le monde. Il fallait aussi satisfaire à une condition nécessaire qui est de “prouver que derrière cette langue, il y a une communauté unie et organisée et prête à soutenir le projet et ayant un représentant”. Pour que tamazight ait une chance d’être enseignée à la rentrée scolaire 2000/2001, il restait peu de temps pour accomplir toutes les démarches. Une course contre la montre fut engagée.

“A l’époque, je ne connaissais qu’un seul Kabyle à Ottawa et je devais faire vite pour ne pas rater la rentrée. Le téléphone ainsi que le bouche à oreille fonctionna si bien que le 27 novembre 2000, la communauté berbère de la région de la capitale Ottawa, tient sa première réunion. Le projet enchanta nos compatriotes qui promirent, par solidarité, d’envoyer leurs enfants s’inscrire et suivre les cours, car il fallait au moins 25 élèves pour ouvrir une classe. Ce qui fut fait et le premier cours fut donné par Arab Sekhi le 9 décembre 2000”. Profitant de la réunion, les Kabyles présents décident alors de créer une association : l’Association culturelle amazighe d’Ottawa Hull (ACAOH). Celle-ci vit alors le jour avec Moumouh Ould Chikh comme président. Si l’enseignement de tamazight a été l’élément de rassemblement, le besoin de se réunir et de se retrouver s’en était fait sentir aussi. Parmi les objectifs assignés à l’association, nous retrouverons ces fréquentes rencontres entre nos compatriotes et leurs enfants. Les activités culturelles occupent, par ailleurs, une place de choix au sein de l’association. C’est à l’ACOAH que revient le rôle de défendre et soutenir le programme de Tamazight. L’enseignement de leur langue maternelle leur tient tellement à coeur que même en vacances au pays, ses membres restent actifs comme c’est le cas, cet été. Pour faciliter la tâche à leur responsable, chaque membre de l’association est chargé d’acheminer un carton de livres, en tamazight, vers le Canada.

Le programme enseigné aux enfants du Canada est le même que celui que nous retrouvons dans nos écoles, en Algérie. Notons que toutes les ressources pédagogiques (livres et autres) utilisés dans le cadre de ce projet, sont pris en charge par le gouvernement canadien. Il suffit au président de présenter ses factures d’achat de manuels destinés à l’enseignement ou aux bibliothèques pour se faire rembourser. C’est dire que le Canada assume bien son rôle de premier pays au monde à reconnaître tamazight comme langue internationale. Il est aussi l’unique pays où tamazight est prise en charge par le gouvernement. D’ailleurs, sur les trente modules exigés pour accéder à l’université, l’étudiant peut en présenter deux de tamazight, au même titre que ceux des autres langues.

Actuellement, deux classes de 45 élèves, dans le primaire et une autre dans le secondaire, dispensent des cours de tamazight assurés par trois enseignants et trois suppléants, à raison de trois heures chaque samedi. Il faut rendre hommage à ces enfants qui sacrifient leur samedi, jour de repos, pour suivre les cours de tamazight. Cela ne va pas, non plus, sans perturber l’emploi du temps de leurs parents, obligés de les conduire à l’école tous les samedis, de septembre à juin. Il faut reconnaître que nos compatriotes de là-bas ont inculqué à leur progéniture les valeurs et la culture de leur pays d’origine. Les adultes désireux de s’instruire sont aussi bien accueillis que les jeunes. L’exemple de Na Zahra que nous avons vu sur BRTV est édifiant. Accompagnatrice d’un enfant, la première année, elle a réussi à lire et à écrire l’année suivante, alors qu’elle était illettrée auparavant. A 60 ans, il faut le faire ! Une exemple à méditer.

Nacer Benzekri
La Dépêche de Kabylie : N° 1306
Édition du Dimanche 17 Septembre 2006

Historique de l’Enseignement de Tamazight

À la suite d’une démarche initiée en septembre 2000 par un membre de la communauté (Mohand Ouldchikh) pour l’introduction de tamazight dans le Programme des langues Internationales (PLI) la réponse du Conseil Scolaire d’Ottawa Carleton (Ottawa Carleton District School Board) a été que l’introduction d’une langue dans le PLI est conditionnée par existence d’une communauté organisée qui s’engage à soutenir l’enseignement de la langue aux côtés du Conseil Scolaire. C’était  la raison fondamentale qui a conduit à la création de l’ACAOH.

L’introduction de tamazight dans le PLI était une première étape, la deuxième était celle de la codification. Avec l’aide de linguistes de la communauté, l’ACAOH a monté un dossier destiné à la commission chargée des codifications au Ministère de l’Education de l’Ontario.  La codification permet l’intégration de la langue internationale dans le processus d’obtention du diplôme d’Études Secondaires de l’Ontario en donnant la possibilité d’obtention de deux crédits sur l’ensemble des crédits requis.

Tamazight a donc été intégrée dans le programme des Langues Internationales de l’Ontario en décembre 2000 et le processus de codification a été complété une année après, en décembre 2001.

Le premier cours au niveau primaire a été donné le 09 décembre 2000 et les cours du secondaire ont débuté à la rentrée 2001-2002.

Depuis, l’ACAOH n’a cessé de soutenir l’enseignement de tamazight en y consacrant en moyenne 50% de son budget annuel (achats de ressources pédagogiques, activités parascolaires, cadeaux de fin d’année…) et en faisant du suivi et du soutien de l’école de tamazight sa priorité et un plein mandat d’un des membres de son CA.

Le suivi et le soutien sur le terrain se fait par le biais du comité de soutien  (constitué de parents d’élèves membres de l’ACAOH sous la coordination du membre du CA chargé de l’enseignement de tamazight) qui sans relâche a œuvré au développement de l’enseignement de tamazight à Ottawa.

La prise en charge de l’enseignement de tamazight au niveau secondaire par des enseignants issus eux-mêmes du programme d’enseignement de tamazight est une des grandes fiertés de l’ACAOH et aussi une preuve du succès du programme.

Signification du statut de langue internationale :
– le droit de bénéficier de la prise en charge par le conseil scolaire (ressources pédagogiques, locaux, salaire des enseignants…) au même titre que toutes les autres langues internationales (exception faite du français et de l’anglais qui sont les langues officielles du Canada).

– Après codification, l’octroi aux élèves de deux crédits qui comptent pour  l’obtention du diplôme d’études secondaires (équivalent du baccalauréat international)

– l’inscription dans la liste des langues internationales reconnues par la fonction publique.

Paliers d’enseignement :
– Primaire : ouvert aux enfants de 5 à 12 ans fréquentant l’école primaire régulière.
Type d’approche: enseignement de langue seconde.

– Secondaire : ouvert aux élèves de l’école secondaire régulière et aux adultes.
Type d’approche : mixte. Enseignement régulier aux locuteurs de tamazight et enseignement de langue seconde aux non locuteurs de tamazight.

Dates importantes :
– 16 Sep. 2000 :
Début des contacts, discussions avec le conseil scolaire d’Ottawa-Carlton-programme des langues internationales (OCDSB-ILP) en vue d’introduire tamazight comme langue internationale dans le système éducatif ontarien.

– 10 Nov. 2000 : dernière réunion avec OCDSB-ILP: Tamazight officiellement admise dans le system éducatif comme langue internationale.
La rentrée, premier cours, a été fixée pour le 09 déc. 2000.

– 09 déc. 2000: 1 er cours au primaire assuré par Mass Arav Sekhi.

– 09 mai 2001: OCDSB a approuvé l’ouverture de la classe du secondaire pour la prochaine rentrée scolaire.

– 15 Sep. 2001: 1 er cours au secondaire assuré pas Mass Karim Achab

– 19 Déc. 2001: Codification du programme n tamazight, langue internationale, au niveau du
Ministère de l’Éducation de l’Ontario.


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COURS DE TAMAZIGHT

L’Association Culturelle Amazighe d’Ottawa-Hull, a le plaisir de vous informer que des cours de Tamazight sont offerts par le Conseil Scolaire d’Ottawa Carleton dans le cadre du Programme des Langues Internationales. Deux cours sont offerts, les samedi matin, tout au long de l’année scolaire. Le premier cours est disponible pour les élèves de l’élémentaire (enfants de moins de 12 ans) et le deuxième pour les étudiants du secondaire et les adultes. Les cours de Tamazight sont d’une durée de 3 heures par semaine. Pour les étudiants du secondaire, ce cours est crédité et donc concourt à l’obtention du diplôme d’études secondaires. Les adultes pour leur part, recevront un certificat attestant la réussite au cours.

Lieux

Niveau Secondaire

Glebe Collegiate Institute

212 Glebe Avenue, Ottawa

Niveau Primaire

17 Hopewell Avenue

Ottawa, Ontario K1S 2Y7

  • Accéder au cours de Tamazight de l’année en cours 2009 – 2010 (Site Web Taqbaylit.com )